« Quand on doit vider une maison, il y a toujours quelque chose qui se passe : il faut se saisir de cette richesse », suggère Françoise Saur.
Des objets oubliés qui hantent la mémoire et qui convoquent le souvenir de ceux, disparus, auxquels ils ont appartenu. Des brides de vie qui ressurgissent au présent de ceux qui restent.
Françoise Saur a choisi de plonger dans ces souvenirs de parents disparus en articulant par la photographie et la vidéo une « réflexion sur le cours de la vie » très personnelle, presque intime.
Cet inventaire mémoriel, elle le met littéralement « à plat » dans des images frontales où des séries d’objets de même nature ou au contraire hétéroclites dialoguent dans la fixité de leur mise en scène qui confère à des sortes de « natures mortes » photographiques.
Ces épiphanies du passé enserrées dans leur cadre photographique s’enrichissent de photos anciennes et de documents d’archives personnelles. A l’objectivité apparente et presque clinique des objets photographiés s’ajoute dès lors une dimension intime, un « punctum » singulier.
Françoise Saur a souvent chercher à traduire par ses photographies, la nature humaine, sa culture, ses traditions, son enracinement dans une terre.
Dans cette série d’images présentées à Mulhouse, les visages et les corps se sont exilés.
Chacun peut dès lors s’approprier ce « cadavre exquis » de lambeaux du passé et se raconter sa propre histoire, ou » ce qu’il en reste ».
Dominique Bannwarth
L’exposition « Ce qu’il en reste » est visible du 5 mars au 15 mai 2022, au musée des Beaux-arts de Mulhouse.