Sous le titre anonymous-famous La Fondation Fernet-Branca à Saint-Louis propose une exposition rassemblant les oeuvres de deux artistes alsaciens : le Sundgauvien Christophe Hohler et le Strasbourgeois – récemment disparu – Raymond Waydelich.
Par Dominique BANNWARTH

Une oeuvre de Raymond Waydelich à la Fondation Fernet-Branca. Photo DB
L’immense superficie de la Fondation Fernet-Branca accueille une double exposition consacrée à deux artistes régionaux, un dialogue plus ou moins pertinent entre deux univers.

Les oeuvres de Christophe Hohler à la Fondation Fernet-Branca. Photo DB
Là où le peintre Christophe Hohler déploie sur ses toiles dont certaines en format XXL, ses personnages récurrents et ses jaillissements de couleur comme autant d’éclaboussures, le plasticien Raymond Waydelich invite à découvrir ses mythologies personnelles, déclinées en boîtes multiformes, faites d’assemblages, de brides de mémoire, de collages, d’histoires entremêlées, de légendes comme celle de Lydia Jacob.
La profusion des toiles de Christophe Hohler, alternant sujets isolé ou en grappes humaines génère une sorte de continuum dans le regard qui peut lasser.

Une toile de Christophe Hohler. photo DB
La répétition des gestes, des postures, de ce discours pictural s’imposent sans beaucoup de nuances.
Seules les déclinaisons d’autres thématiques – fleurs, forêts, musique… – suggèrent une progression dans le style au demeurant très maîtrisé. La palette chromatique de Christophe Hohler s’offre dans certaines séries une audace un peu plus aventureuse sans toujours séduire.
On peut regretter que les oeuvres de Raymond Waydelich – un tiers de l’accrochage – se noient quelque peu dans cette déferlante de grands formats qui envahit l’espace.

Raymond Waydelich reviste les « classiques ». Photo DB
Les quelques sculptures figuratives qui hantent les différentes salles viennent s’intercaler dans le flot pictural qui colonise les cimaises.
On peut toutefois se réjouir de retrouver l’univers de Raymond Waydelich, son « archéologie du futur », ses reliquaires, ses références aux grandes oeuvres classiques détournées, et cette forme d’humour qui nous rappelle son attachante personnalité.
EXPOSITION
anonymous – famous
Christophe Hohler et Raymond E. Waydelich
5 avril – 31 août 2025
Commissaire de l’exposition : Ute Dahmen
À propos de Raymond E.Waydelich (*)
La propriété de Hindisheim avec la maison à colombages, la chapelle et l’atelier est pendant des décennies le centre créatif de Raymond E. Waydelich. Il l’achète alors qu’il est déjà célèbre, après avoir présenté dans le pavillon français de la Biennale de Venise l’environnement « L’Homme de Frédehof », qui marque aussil’inauguration de « L’archéologie du futur ».
Pour sauver les objets du quotidien de l’oubli, il commence à les conserver dans des bunkers de béton situés dans des lieux publics. Waydelich se sert de la « Lydia Jacob Story » pour véhiculer avec une légèreté poétique des sujets pourtant graves et sérieux comme la destruction de l’environnement ou la menace qui pèse sur les peuples indigènes. Pour ce faire, il choisit des boîtes reliquaires, appelées « Mémorisations », qu’il équipe de manière apparemment ludique.
Alsacien de coeur, il aime s’inspirer du monde, voyage sur des sites de fouilles et explore des cultures étrangères. Son imagination et sa créativité n’ont pas de limites.
Lorsque Waydelich décède en août 2024, il laisse derrière lui, outre son art graphique bien connu, une grande oeuvre mixte dont la Fondation Fernet-Branca présente les pièces maîtresses.
(*) Source dossier de presse de la Fondation
A propos de Christophe Hohler
L’exposition à la Fondation Fernet-Branca est un match à domicile pour l’artiste. Son atelier, situé dans l’ancienne synagogue d’Hagenthal-le-Bas, n’est situé qu’à quelques kilomètres. C’est là qu’il réalise ses grandes peintures sur toile à l’acrylique, à l’huile et aux pigments, mais aussi des dessins (fusain, aquarelle, encre de Chine), des gravures et des zincographies ainsi que des sculptures en terre cuite filigrane. Le motif est principalement l’homme, seul, par groupe de deux, de trois ou plus encore. Il est frappant de constater que les vêtements de ses personnages ne permettent pas de les rattacher à une époque, et que les arrièreplans et les paysages n’indiquent pas non plus où ils se trouvent. L’observateur ne sait ni d’où ils viennent ni où ils vont. Réduits à des postures, des mouvements, des gestes et des regards… à être, pas à avoir. Si une confrontation a lieu malgré tout, c’est à la nature brute sous la forme d’un paysage aride ou d’une mer noire et bleue. Le spectateur trouve le calme dans les images de forêts désertes et reconnaît l’élan et la joie de vivre dans ces oeuvres créées en musique. Aussi sombre que puisse paraître son oeuvre par moments, Christophe Hohler célèbre l’existence et invite à une réflexion intime sur la condition humaine.
(*) Source dossier de presse de la Fondation