← Actualités

Nordlichter : voyage enchanté dans la forêt boréale

Un tableau d’Helmi Biese.
Photo DB

Alors que l’exposition consacrée à Henri Matisse touche à sa fin et confirme son énorme affluence (plus de 200 000 visiteurs), La Fondation Beyeler à Riehen inverse sa focale. Après le sud et les couleurs chaudes de Matisse, son regard se tourne vers le nord, et même le grand nord, proche du cercle arctique, vers cet univers, sorte de « terra incognita » que constitue la forêt boréale primaire de la Scandinavie au Canada.

Par Dominique BANNWARTH

70 œuvres, 13 artistes

Devant une toile d’Edvard Munch.
Photo DB

Avec « Nordlichter »(« Lumières du nord »), la Fondation Beyeler nous invite à une passionnante et inédite découverte à travers la présentation de 70 œuvres de 13 artistes issus de cette galaxie septentrionale. « Un nouveau lieu de nostalgie » suggère Sam Keller, son directeur, « une exposition qui se focalise aussi sur la préservation de l’écosystème ».

Après l’invitation au voyage méridional, l’exposition nous entraine à la découverte des paysages nordiques baignés de cette lumière si particulière., « cette lumière du nord que l’on perçoit lorsque l’on vole vers Helsinki ou Oslo, ces longues journées d’été, ces nuits d’hiver encore plus longues », décrit Ulf Küster, le commissaire de la Fondation qui a dirigé ce projet. L’idée est donc bien de partir de cette nature représentée par ces artistes scandinaves et canadiens entre 1880 et 1930.

Munch et les autres

En 2007, la Fondation suisse avait organisé une grande rétrospective dédiée au plus connu de ces peintres scandinaves, Edvard Munch. Et si Hilma af Klint figure aussi comme une référence déjà connue, les autres artistes sélectionnés pour « Nordlichter » sont à découvrir.

Edvard Munch.
Photo DB

L’événement a été étroitement imaginé avec le Buffalo AKG Art Museum, pionnier dans la promotion de cette peinture dès 1913 avec l’exposition « Contemporary Scandinavian Art », comme l’a rappelé son directeur, Janne Siren, présent à Riehen pour l’ouverture de l’exposition.

Ce sont « treize individualismes » considère Ulf Küster, « chacun a développé sa manière ».

Pour renforcer l’intention d’ouvrir la curiosité des visiteurs, les cartels ont été tracés au sol, permettant un premier regard immédiat sur les toiles. « Il faut voir d’abord, lire ensuite » insiste le curateur.

Comme dans un conte

Se laisser guider donc. A l’instar des enfants contemplant la lisière de la forêt dans cette toile d’Edvard Munch, comme s’ils se trouvaient « devant une forêt de conte », une forêt enchantée.

Il faut aussi imaginer «la vie sous la glace », « la lumière changeante », le reflet du ciel dans l’eau ou la neige, le bruissement des arbres sous le vent.

Imaginer la musique de la nature, comme le figurent ces cordes de harpe tendues sur la toile verticale d’Akseli Gallen-Kallela. Ici la peinture se fait musique chez cet artiste qui fut aussi l’ami de Sibelius. Ce sont d’ailleurs des extraits de pièces pour piano de ce compositeur finlandais qui sont diffusés toutes les 30 mn dans l’exposition.

Mantykoski Waterfall, la toile « musicale » d’Akseli Gallen-Kallela.
Photo DB

Plonger dans la pénombre de la taïga, impressionnante et mystérieuse, comme l’a dessinée Ivan Chichkine.

S’élever comme un drone au-dessus du paysage comme le propose Helmi Biese.

Par moments, « la nature se peint elle-même » comme sur la neige chez Kallela ou dans le moindre détail chez Gustaf Fjaestad.

La neige représentée ici par Akseli Gallen-Kallela. Photo DB

Au centre de l’exposition, la salle consacrée à Munch livre ses ambiances de ciel étoilé ou de troncs d’arbres gisant au sol « baigné par le soleil qui semble s’être noyé dans la forêt ».

Un tableau d’Harald Sohlberg.
Photo DB

Harald Sohlberg représente la forêt comme un écran, ouvert sur le spectacle de la nature profonde où seule, derrière ce rideau, se devine une petite maison isolée, témoignant d’une présence humaine.

Hilma af Klint offre, elle, une vision plus impressionniste, quasi fantastique, de la forêt, presque irréelle, voire ésotérique, unissant le ciel, l’eau, la terre dans une représentation qui fait penser à une toile de Monet.

Helma af Klint.
Photo DB

On retrouve chez Anna Boberg cette palette si fascinante des aurores boréales et leur spectre coloré qui inonde le ciel du nord de la Norvège. Tout comme chez Tom Thomson.

La révélation canadienne

Formes df’arbres abstraites par Emily Carr.
Photo DB

La Canadienne Emily Carr pousse plus loin son interprétation, avec des peintures plus abstraites inspirées par les couleurs de la forêt, qu’elle sublime en de larges ondulations, comme une vibration qui traverse le paysage.

Des halos de lumière, comme des projecteurs sur une scène théâtrale, éclairent le lac de Lawren S.Harris, dans un style déjà moderniste.

Le lac de Lawren S.Harris. Photo DB

La sélection canadienne est surprenante de beauté, avec les toiles de Thomson, MacDonald…

Dans la dernière salle, dont la scénographie propose une déambulation entre des colonnes comme autant de futs d’une forêt imaginaire, les petits formats encastrés dans ces structures spécialement conçues pour l’exposition, permettent une sorte de regard intime avec les tableaux.

Photo DB

Ce voyage dans la peinture du passé nous projette aussi dans le présent. « Les paysages ne changent pas, c’est la nature qui change », pense Ulf Küster.

Aujourd’hui, le dérèglement climatique menace les forêts et l’on pourrait, avec un regard contemporain, déceler dans le chaos boisé de la toile d’Iwan Chichkine, comme un signe prémonitoire …

Dominique BANNWARTH

« Boreal Dreams », UNE nstallation vidéo de Jakob Kudsk Steensen dans le parc de la Fondatiion

En parallèle à l’exposition « Lumières du Nord » (26 janvier – 25 mai 2025), la Fondation Beyeler a présente en première mondiale une nouvelle installation numérique de l’artiste contemporain de renom Jakob Kudsk Steensen (*1987).

Boreal Dreams explore l’impact de la crise climatique sur l’écosystème de la zone boréale. S’appuyant sur la technologie des jeux vidéo, Jakob Kudsk Steensen conçoit des paysages virtuels basés sur des données scientifiques collectées au moyen d’un travail de terrain écologique.

L’installation audiovisuelle sera donnée à voir dans le parc de la Fondation Beyeler et également accessible par le biais d’une expérience web.

VOIR LA VIDEO

L’ARTISTE VOUS PROPOSE AUSSI DE PARTICIPER A UNE EXPERIENCE SUR LE WEB…

CLIQUER ICI POUR DECOUVRIR