AHMET DOGAN
Né à Sarreguemines en 1979. Vit et travaille à Strasbourg.
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GHOST TOWN 2013→2015
Installation, dimensions variables, béton armé, leds, impression backlight.
CARAVANS 2013→2015
Installation, dimensions variables, polystyrène, peinture.
Né à Sarreguemines (57) le 01 mars 1979, AHMET DOGAN vit et travaille à Strasbourg depuis 2000, date à laquelle il intègre l'École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg.
Diplômé en 2005, sa pratique est alors axée sur la performance et la vidéo (Extinction des feux, 2003 ou Derviche, 2005). Peu à peu il se dirige vers l'installation et la sculpture en travaillant des matériaux comme le béton, le polystyrène, le sucre ou encore la cire. Son travail mêle souvent dérision et arrière-fond politique.
Souvent conçus avec un sens certain de l'ironie, les projets développés par AHMET DOGAN, qu'il s'agisse de vidéos, de sculptures ou d'installations, s'attachent à convoquer des formes communes à l'imaginaire collectif comme pour déjouer l'apparente évidence de l'ordinaire. Et alors que ses créations semblent au premier abord consister en des matières pauvres soumises à la loi de l'obsolescence, en des images simples et en des sujets populaires issus du quotidien, de la vie sociale et politique - au sens de la vie de la cité, elles installent par ailleurs un passage d'un premier à un second niveau de lecture, d'un registre drolatique à un arrière-plan critique, par la transformation des motifs choisis, c'est-à-dire par la translation vers une forme artistique depuis l'objet concret propre à la source d'inspiration sollicitée. Depuis 2012, AHMET DOGAN porte un regard particulier sur la ville, qu'il observe et perçoit comme un terrain où s'agencent des volumes construits et architecturés et des espaces en friche, signes du réel à travers lesquels les réalités urbaines et humaines s'organisent sur fond de contexte politique et économique, quitte à s'inclure ou à s'exclure, les unes les autres. Dans cette perspective, le projet GHOST TOWN ainsi réactivé, se dresse, hiératique et fragile, dans l'obscurité d'un environnement a priori urbain que l'on dirait abandonné ou tout le moins occupé par de fières et cependant frêles élévations en béton. Ces figures immobilières fantomatiques, laissées dans l'état intermédiaire de leur gros œuvre, en attente d'étapes de construction complémentaires, à venir ou qui ne viendront jamais, sont pourtant dominées par des enseignes lumineuses commerciales qui n'ont pas de peine à fonctionner alors que les bâtiments dysfonctionnels, qui les supportent et les mettent ainsi en valeur, témoignent de tout leur poids, de l'absurdité des logiques urbanistiques des métropoles et des grandes villes où la pollution visuelle qui accompagne la société de consommation domine, même si la ville se vide de sa substance relationnelle ou l'ignore. Le projet CARAVANS, quant à lui, vient justement remettre l'image de la communauté dans l'espace public, par des interventions spontanées et ponctuelles, là parfois où, à défaut d'être accueillie, elle n'a que peu de place à occuper, quand elle n'est pas soumise à la dispersion ou à la disparition. En singeant ces modalités de rapports à la ville par des opérations de réduction d'échelle et de choix de matières brutes rappelant la précarité et l'entropie propres aux artefacts et aux structures de vie pensés par l'homme, Ahmet Dogan contribue à déplacer les points de vue à l'égard précisément de réalités parfois désincarnées qui, ce faisant, apparaissent comme des symboles contemporains déposés dans l'espace de la rencontre avec les usagers de ce monde habité.
M.R.